Cinq salariés du groupe Société Générale, dont deux Français, ont été arrêtés en Guinée équatoriale après avoir été accusés d'avoir transmis des informations couvertes par le secret bancaire à la justice française qui enquête sur l’affaire des biens mal acquis par plusieurs dirigeants africains dans l’Hexagone, a rapporté Les Echos le 21 décembre.
"Depuis vendredi, cinq salariés de la banque-deux français et aussi des ressortissants de la Guinée équatoriale - font l'objet d'auditions, leurs passeports et leurs portables leur ont été retirés. A ce stade, les salariés français auraient récupéré leur passeport mais ils n'ont pas reçu l'autorisation de quitter le territoire ", a révélé une source proche de la banque citée par le journal français.
Ces arrestations interviennent environ deux semaines avant l’ouverture à Paris du procès du fils du président de Guinée équatoriale Teodorin Obiang (photo). Ce dernier est poursuivi en France pour blanchiment, abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption.
Promu fin juin dernier au poste de vice-président de la Guinée équatoriale par son père Teodoro Obiang Nguema, Teodorin Obiang est soupçonné de s'être frauduleusement bâti un patrimoine considérable en France, dont un hôtel particulier de 4000 m² dans le très chic XVIe arrondissement de Paris, des voitures de marques prestigieuses et une partie de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé.
Convoqués par les autorités équato-guinéennes le 15 décembre, les cinq salariés de Société Générale mis en cause ont été « accusés d'avoir transmis des informations couvertes par le secret bancaire à la justice française ». Le groupe Société Générale a cependant indiqué qu’il collaborait avec la justice locale mais précise que sa filiale, la Société générale de banques en Guinée équatoriale (SGBGE), " n'a pas été interrogée par la justice française ".
Pour la banque ce n'est pas tout à fait une première: le directeur de SGBGE entre 2007 et 2009, Jean-Marie Navarro, avait déjà été placé en garde à vue dans le pays. Placé sous le statut de "témoin assisté " par la justice française en août 2015 dans le cadre de la mise en examen en 2014 de Teodorin Obiang (photo), le groupe bancaire français a finalement bénéficié d'une ordonnance de non lieu qui le dispense de son statut de témoin assisté au procès du vice-président de Guinée équatoriale.
Mais en tant que banquier de la société guinéenne d'exploitation de bois Somagui, détenue par la famille présidentielle, Société Générale a eu accès aux comptes de Teodorin Obiang. Selon le quotidien français Le Monde, la SGBGE aurait aussi permis le transfert en France de 22 millions d'euros en avril 2006 et de 25 millions d'euros en juin de la même année. Ces montants étaient destinés à acquérir un jet privé et une résidence à Malibu, pour M. Obiang, selon le Monde qui a précisé que ces découvertes ont été faites par les juges Roger Le Loire et René Grouman, chargés de l'enquête sur les avoirs détenus en France par les familles dirigeantes de la Guinée équatoriale, du Congo-Brazzaville et du Gabon, communément appelée " l’affaire des biens mal acquis".