En Afrique du Sud, le ministre des finances Malusi Gigaba (photo) tente un pari risqué. En effet, le responsable a récemment annoncé un programme en 14 points, destiné à sortir la nation arc-en-ciel de la récession. Au nombre des mesures préconisées, la vente d’actifs non-essentiels et la privation partielle de certaines compagnies publiques.
Si dans un contexte marqué par des difficultés économiques, la mesure peut sembler adéquate, elle constitue un revirement important pour l’African Nation Congress (ANC). Comme l’explique Reuters, le parti au pouvoir et les syndicats tendent à souvent diaboliser le mot ‘’privatisation’’.
«La dernière fois que j’ai entendu l’ANC oser parler de privatisation ou même de la vente d’actifs publics à quelque niveau que ce soit, Thabo Mbeki était encore président. C’était il y a bien longtemps.», déclare Gary Van Staden, analyste à NKC.
Et cependant, une équipe d’experts, mandatée par le président Zuma pour auditer les compagnies publiques l’an dernier avait déjà recommandé que certains de ces actifs soient cédés. Les agences de notation avaient quant à elles soulignés que certaines compagnies parapubliques comme la South African Airways (transport aérien), l’Eskom (électricité) ou encore Transnet (logistique) constituaient des menaces pour le niveau de la note souveraine du pays.
Pour les analystes, plusieurs compagnies parmi les 300 appartenant à l’Etat, constituent des gouffres financiers dans lesquels la nation arc-en-ciel investit à perte. Si l’exécutif s’est donné jusqu’à mars 2018 pour l’établissement d’un cadre de participation du secteur privé au capital des compagnies publiques, nombreux sont les analystes qui se demandent jusqu’où l’ANC poussera les privatisations. «Je ne sais pas jusqu’à quel point il [Malusi Gigaba, NDLR] pourra mener cette réforme. Il va se heurter à beaucoup de résistances idéologiques.», estime Gary Van Staden.
Jusque-là, beaucoup d’inconnues restent à déterminer quant à cette opération. Comme l’explique Jeff Schulz, l’économiste en charge de l’Afrique du Sud chez BNP Paribas, «il est difficile de dire à ce niveau s’il s’agit d’une stratégie viable ou pas. Le ministre était plutôt réticent à indiquer lesquels des actifs non-essentiels étaient concernés». Et de poursuivre en estimant que le gouvernement sud-africain était même susceptible de répéter le même schéma qu’avec Vodacom, compagnie dans laquelle il a vendu ses actifs afin de lever rapidement des liquidités plutôt que de se tourner vers une privatisation formelle des compagnies publiques.
Quoiqu’il en soit, il apparaît de plus en plus que pour la nation arc-en-ciel, il faudra se résoudre à privatiser ou sombrer.